Une fois par mois, Mascaret (anciennement Dentsu Consulting) et son partenaire ODOXA vous proposent un baromètre politique pour prendre la température de l’opinion publique. Ce mois-ci : quelle évolution de l’opinion vis-à-vis des hommes et femmes politiques dans un contexte d’avenir incertain ? Benjamin GRANGE et Yves CENSI vous partagent leurs analyses des réseaux sociaux :
Face à la défiance des Français, le Président incertain se met en hibernation
Face à la défiance des Français, le Président se met en hibernation La défiance des Français à l’égard de ceux qui les gouvernent n’est pas nouvelle, mais depuis quelques mois, ils en parlent davantage et avec force sur les réseaux sociaux, pointant les ravages quotidiens de l’inflation. Face à cette défiance, le président de la République a fait le choix d’une parole rare. Il reste davantage en retrait durant les 30 derniers jours (-25% de mentions et d’engagement par rapport à octobre, -40% sur les six derniers mois), limitant ses interventions pour essayer de faire de chacune une occasion. Pari plutôt réussi pour son interview sur France 2, qui a généré une masse de conversations (175 000 mentions). Moins pour d’autres déclarations – on pense notamment à « Il ne faut pas politiser le sport », 20 000 mentions – qui n’ont que mollement fait bourdonner la toile.
Sur les fronts politiques, le gouvernement tente d’éteindre les feux de la contestation… mais les alimente
Face à l’espace laissé par le président, c’est le gouvernement qui tente de combler, les fidèles en tête. Elisabeth Borne bien sûr, pénalisée par les impopulaires « 49-3 » à répétition (des pics à 75% de sentiments négatifs), toujours perçus par une large frange comme « anti-démocratiques ». Gérald Darmanin a également subi les foudres de l’opinion en intervenant sur les manifestations contre les « bassines », puis par la gestion de l’Ocean Viking, pour terminer par l’immigration. Olivier Dussopt, a quant à lui fait parler à l’occasion de la réforme de l’assurance chômage.
Enfin, Olivier Véran est revenu sur les politiques sanitaires, donnant une occasion aux sphères antivax de revenir sur le devant de la scène à grands coups de publications violentes.
LFI et LR mis en difficulté, le RN à l’offensive poursuit sa normalisation
L’autre conséquence de cette stratégie présidentielle, c’est qu’elle laisse le champ libre aux opposants politiques, qui saisissent l’opportunité de pointer du doigt là où cela fait mal. Mais s’ils essaient d’en profiter, peu y parviennent finalement. Jean-Luc Mélenchon par exemple, qui devançait Marine Le Pen en termes de volumes, n’arrive plus à émerger dans la tourmente de la Nupes. Il atteint son plus bas taux de mentions depuis plus d’un an (535 000 contre 505 000 pour septembre 2021). Même sanction pour Adrien Quatennens, Manuel Bompard et… Laurent Wauquiez qui reste discret depuis les révélations de Mediapart. Quant à Éric Ciotti il voit doubler (+128%) son volume de mentions, mais pas pour les bonnes raisons. Champ libre donc pour Marine Le Pen ? Ou Jordan Bardella ? Si celle-ci souffre également en termes de volumes, elle réussit quand même un bon coup auprès de l’opinion : elle a presque gommé ce mois-ci les sentiments négatifs autour de ses mentions continuant à normaliser son mouvement. C’est un fait rare pour elle qui totalise habituellement au moins 50% de sentiments négatifs.
La polémique, une recette toujours gagnante pour un succès médiatique
L’événement du mois, qui fait presque deux fois plus de mentions (175 000 contre 285 000) que le pic de visibilité d’Emmanuel Macron est bien la confrontation presque violente entre le député LFI Louis Boyard et le présentateur télé Cyril Hanouna sur le plateau de l’émission de ce dernier, Touche Pas A Mon Poste (TPMP). Les extraits vidéos, largement partagés et commentés sur les réseaux, Twitter en tête, font de Louis Boyard une personnalité deux fois plus mentionnée (1 000 000) que Jean-Luc Mélenchon (535 000), et trois fois plus que Marine Le Pen (330 000), sur le mois de novembre. Une telle séquence, qui arrive à cristalliser les tensions de l’opinion, sans rien apporter au débat, reste le seul succès médiatique de ce mois.
Retrouvez l’intégralité du sondage avec illustrations ci-dessous :